Pour ma part, je m'étonne chaque année du relatif désintérêt que j'ai toujours porté à cette épreuve, qui m'inquiétait aussi peu avant qu'elle m'intéresse aujourd'hui, après donc. Peut-être parce qu'elle ne signifiait rien de vraiment crucial et important pour moi et que ça n'a pas changé depuis. Plutôt que de vous faire un compte-rendu statistique avec chiffres officiels à l'appui et quelconque interview "à chaud" d'une jeune lycéenne à peine postpubère en plein délire de joie (pour un misérable 10,12), je vais plutôt vous faire faire le tour d'horizons des autres bacs, ceux dont on parle moins ponctuellement mais qui sont tout autant, sinon plus, important.

Tout d'abord, dans la même veine médiatique, il y a l'indémodable bac de disque. Vous achetez souvent vos disques dans des bacs, vous ? "Prochainement dans vos bacs", "Actuellement dans les bacs de vos disquaires", quelle belle floppée d'expression à la con, tout de même. Alors oui, évidemment, "prochainement sur les étagères" ça parle peut-être moins, j'admets, mais quand même, ça donne furieusement l'impression d'acheter des disques à la criée du jeudi (mais je vais en parler plus loin, ami lecteur).

Indémodable, intemporel et universel, suis le bac à sable, qui a fait la joie de nos jeunes années et le malheur de nos mères qui devaient se coltiner nos vêtements ultra-poussiéreux et les petits grains crissants sur le carrelage de la maison après une virée dans le sahara du square voisin (pour les appartementés) ou du fond du jardin (pour les pavillonés). Les vêtements n'étaient pas les seuls à trinquer, celà dit. Les Majorette©, si elles parlaient, pourraient vous raconter la souffrance d'un passage dans les dunes qui ponçaient avec une remarquable efficacité leur belle robe chamarrée (métallisée pour les plus cossues), et condamnaient bien vite leur légendaires roulements.

On a parlé de sable, on peut parler de plages, de mer et de rivières, où sévissent les bacs, en voie de disparition au profit des ponts, sauf sur les les lacs, où ces bateaux à fond plat servent encore à faire traverser des automobiles en l'absence de route. D'où le nom des compagnies de bacs de Mare-et-Chaussée.

Je parlais de criée plus haut, que seraient nos fameux étals de poissonier sans leurs non-moins fameux bacs à glace, tellement fameux que beaucoup ont décidé d'en avoir une petite réplique, chez eux, dans leur freezer, afin de se rappeler à tout moment l'exquise sensation d'un toujours trop rapide passage devant la poisonnaille éventrée sous nos yeux ébaubis, et les crustacés gigotant dans leurs aquariums sous-dimensionnés, les pinces entravées.

Je concluerai avec le plus célèbre, que dis-je, la plus célèbre de ce palmarès, j'ai nommé la BAC, avec qui heureusement je n'ai encore jamais eu maille à partir.